Traduction de l’article de Joseph O’Brien sur le site de la revue Adoremus
Le pape François a exhorté les fidèles à continuer à assumer leur rôle et à aimer la liturgie dans un discours qu’il a prononcé aux participants d’une conférence sur la liturgie qui s’est tenue à Rome en janvier dernier.
La conférence, qui a attiré des responsables diocésains de célébrations liturgiques du monde entier, était un cours de formation à la liturgie et s’est déroulée du 16 au 20 janvier à l’Institut pontifical Saint-Anselme à Rome. Le thème de la conférence, « Vivre pleinement l’action liturgique », a été repris par le pape François dans son discours, prononcé le dernier jour de l’événement.
Citant son document le plus récent sur la liturgie, la lettre apostolique Desiderio Desideravi, le pape François a félicité les participants d’avoir assisté à un événement qui « est en accord avec les indications de la lettre apostolique… sur la formation liturgique ». En effet, la conduite des célébrations exige préparation et engagement ».
Le pape François a souligné l’importance de la préparation, à la fois académique et spirituelle, pour une célébration correcte de la liturgie.
« Ce service que vous rendez à la liturgie exige, outre des connaissances approfondies, une profonde conscience pastorale », a-t-il déclaré. « Je me réjouis de voir qu’une fois de plus vous renouvelez votre engagement dans l’étude de la liturgie. Comme l’a dit saint Paul VI, elle est la « source première de cet échange divin dans lequel la vie de Dieu nous est communiquée ; elle est la première école de notre âme » (Allocution pour la clôture de la deuxième session du Concile Vatican II, 4 décembre 1963).
La liturgie ne peut donc pas être pleinement possédée, elle ne s’apprend pas comme des notions, des métiers, des compétences humaines. Elle est l’art premier de l’Église, ce qui la constitue et la caractérise ».
En poursuivant leur travail, le pape François a appelé les participants à garder à l’esprit la vision de la liturgie exposée par le Concile Vatican II.
« L’un des principes cardinaux de Vatican II revient ici : nous devons toujours avoir devant les yeux le bien des communautés, la pastorale des fidèles (cf. ibid., 34), pour conduire le peuple au Christ et le Christ au peuple. C’est l’objectif premier, qui doit être à la première place même quand on prépare et guide les célébrations. Si nous négligeons cela, nous aurons de beaux rites, mais sans force, sans saveur, sans signification, parce qu’ils ne touchent pas le cœur et l’existence du peuple de Dieu ».
[Il faudrait déjà que nous puissions bénéficier de beaux rites, ce qui n’est pas gagné, NdT]
Le pape François a défini le thème de la conférence, « vivre pleinement l’action liturgique », non pas comme une « joie esthétique… mais plutôt comme un émerveillement ».
« L’émerveillement est différent du plaisir esthétique : c’est la rencontre avec Dieu », a déclaré le pape. « Seule la rencontre avec le Seigneur permet de s’émerveiller. Comment atteindre cet objectif ? La réponse se trouve déjà dans Sacrosanctum Concilium. Au paragraphe 14, il recommande la formation des fidèles, mais – dit la Constitution – « il serait vain d’espérer y parvenir si les pasteurs eux-mêmes, en premier lieu, ne s’imprègnent pas profondément de l’esprit et de la force de la liturgie, et n’entreprennent pas de l’enseigner ». Il est donc nécessaire que l’attention se porte avant tout sur l’instruction liturgique du clergé ».
Dans son discours, le pape François a également souligné l’importance de l’ars celebrandi, l’art de célébrer la liturgie.
« Je vous encourage à aider les supérieurs des séminaires à présider de la meilleure façon possible, a déclaré le pape, à prendre soin de la proclamation, des gestes, des signes, afin que les futurs prêtres, parallèlement à l’étude de la théologie liturgique, apprennent à bien célébrer : et c’est le style de la présidence. On apprend en regardant quotidiennement un prêtre qui sait présider, célébrer, parce qu’il vit la liturgie et, quand il célèbre, il prie.
Les responsables de la liturgie peuvent également jouer un rôle dans l’amélioration de la liturgie dans leur diocèse, a déclaré le pape François dans son discours.
[Rappelons que le premier responsable de la liturgie dans un diocèse est l’évêque, NdT]
« Votre tâche n’est pas d’organiser le rite d’un jour, a-t-il dit, mais de proposer une liturgie qui soit imitable, avec les adaptations que la communauté peut accepter pour grandir dans la vie liturgique. C’est ainsi que, progressivement, le style de célébration du diocèse se développe. En effet, aller dans les paroisses et ne rien dire face à des liturgies un peu bâclées, négligées, mal préparées, c’est ne pas aider les communautés, ne pas les accompagner. Au contraire, délicatement, avec un esprit fraternel, il est bon d’aider les pasteurs à réfléchir sur la liturgie, à les préparer avec les fidèles. »
Le pape François a conclu son intervention en notant l’importance de cultiver le silence dans la liturgie.
« À notre époque, nous parlons, nous parlons…. Le silence. Surtout avant les célébrations – un moment qui est parfois pris pour une réunion sociale », a-t-il déclaré.
« Le silence aide l’assemblée et les célébrants à se concentrer sur ce qui doit être fait », a poursuivi le pape François. « Souvent les sacristies sont bruyantes avant et après les célébrations, mais le silence ouvre et prépare au mystère : c’est le silence qui permet de se préparer au mystère, qui permet de l’assimiler et qui laisse résonner l’écho de la Parole écoutée. »
Image Source: AB/Lawrence OP on Flickr