Richesses propres de la forme ordinaire

De nos jours, la tendance identifiée sous le nom de « nouveau mouvement liturgique » ou « réforme de la réforme » semble s’étendre de plus en plus. Le vieux progressisme clérical n’a pas encore disparu de nos contrées, très loin de là, mais il perd du terrain. Jadis, il était inconvenant de célébrer la liturgie rénovée avec soin, encore moins avec faste, l’ad orientem n’étant pas même évoqué (sinon pour dire que avant, c’était scandaleux parce que le prêtre « nous tournait le dos »), et la beauté liturgique une chose enterrée, définitivement semblait-il ; quant au chant grégorien, et à la liturgie en langue latine, ils semblaient s’être définitivement exilés dans quelques abbayes bénédictines, Solesmes étant la plus réputée de celles-ci. Ces temps-là, pour paraphraser Churchill, ne touchent pas à leur fin, ni même au commencement de leur fin, mais, à la fin, peut-être, de leur commencement. Le fait qu’un cardinal ait pu évoquer ouvertement l’orientation commune du prêtre et des fidèles en est la preuve, inimaginable il y a seulement dix ou vingt ans.

De tout cela, il convient certes de se réjouir. Mais on remarquera aussi ce phénomène assez regrettable : les partisans de la réforme de la réforme semblent se tourner exclusivement vers la réintroduction d’usages tirés de la forme extraordinaire du rit romain. Il est certes très bon de s’inspirer de celle-ci pour« enrichir » la forme ordinaire et la replacer dans une ambiance et un ars celebrandi traditionnels. Cependant, il est triste de constater qu’à coté de ces richesses du passé que l’on réintroduit (ou que l’on redécouvre), d’autres sont laissées de côté (ou mal effectuées), celles-là même que la forme ordinaire du rit romain avait restauré.

Exposer brièvement quelques-unes de ces richesses et leur intérêt ; présenter une manière à la fois neuve et traditionnelle de les intégrer dans la liturgie ; apporter sa modeste contribution au mouvement liturgique dont il était question plus haut ; tel est le but de cet article. En cela, notre but est quelque peu différent de celui de l’abbé Peter M.J. Stravinskas, qui consistait à exposer les points sur lesquels la forme ordinaire pouvait enrichir la forme extraordinaire. Pour nous, il s’agira de montrer comment on peut concrètement mettre en œuvre ces « nouveaux rites » en les intégrant à une approche traditionnelle de la liturgie romaine, nonobstant les éventuelles réserves que l’on pourrait avoir quand à la nécessité de les introduire.

Les psaumes d’entrée, d’offertoire et de communion

L’introït est le plus souvent réduit (quand on le chante encore!) au chant de l’antienne, éventuellement accompagnée d’un verset psalmique quand on en trouve le temps. Le Gloria Patri, tombe le plus souvent à l’eau, même s’il est conservé en certains endroits (alors qu’il est obligatoire dans la forme extraordinaire, sauf pendant certains temps déterminés). Un phénomène semblable se produit lors du chant des antiennes d’offertoire et de communion.

C’est bien dommage, car la liturgie romaine permet de chanter plusieurs versets du psaume qui accompagne l’antienne, voire un psaume tout entier. Cela contribue à rendre à ces antiennes la fonction qu’elles avaient jadis : celle d’accompagner une procession.

N’hésitons donc pas à chanter plusieurs versets à chaque fois que nous aurons affaire à ces antiennes ; on peut même reprendre l’antienne entre chaque verset si on en a le temps, ce qui est une excellente manière de mémoriser ces antiennes, essentielles à la liturgie romaine.

Concrètement,voici ce que cela pourrait donner, pour l’introït de la Messe de Minuit :

Antiphona : Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te. Antienne : Le Seigneur m’a dit : tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.
Quare fremuerunt gentes ? * Et populi meditati sunt inania ? (Antiphona) Pourquoi les peuples frémissent-ils, et les peuples méditent-ils du vide ? (Antienne)
Astiterunt reges terrae, et principes convenerunt in unum * adversus Dominum et advérsus Christum eius. (Ant) Les rois de la terre se sont dressés et les princes se sont assemblés * contre le Seigneur et contre Son Christ. (Ant)
Dirumpamus vincula eorum * et proiciamus a nobis iugum ipsorum. (Ant) « Brisons leurs chaînes, disent-ils, * et jetons loin de nous leur joug ! » (Ant)
Qui habitat in caelis, irridebit eos * et Dominus subsannabit eos. (Ant) Celui qui habite dans les cieux se rit d’eux, * le Seigneur se rit de leur folie. (Ant)
Tunc loquetur ad eos in ira sua, * et in furore suo conturbabit eos : (Ant) Alors Il leur parla dans sa colère, * il les épouvantera dans sa fureur : (Ant)
Ego autem constitui regem meum * super Sion, montem sanctum meum ! (Ant) C’est moi qu’il a établi roi * sur Sion, sa sainte montagne ! (Ant)
Postula a me, et dabo tibi gentes hereditatem tuam, * et possessionem tuam terminos terra. (Ant) Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, * et pour possession les confins de la terre. (Ant)
Etc. Etc.
Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. *
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, et in saécula saeculórum. Amen.
Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. * Comme il était au commencement, et maintenant et toujours et pour tous les siècles des siècles. Amen.
Antiphona. Antienne.

Évidemment,si l’introït est précédé par un chant religieux populaire (ce qui est parfois souhaitable pour mieux le faire passer), il vaut mieux s’en tenir au schéma « classique » (antienne, verset, Gloria Patri, reprise de l’antienne). Mais sinon, une telle manière de faire peut rendre à cette procession une ampleur et une magnificence dont elle est trop souvent dépourvue, à la fois somptueuse et si conforme à cette noble simplicité qui caractérise la liturgie romaine. Il en va de même pour les antiennes d’offertoire et de communion, auxquelles sont associées des versets psalmiques dont nous ne pouvons qu’encourager le chant.

Le chant des lectures en langue vernaculaire

Curieusement, alors même que l’on proclamait à qui voulait l’entendre que la réforme liturgique avait remis en valeur la Parole de Dieu, on l’abandonnait dès qu’il s’agissait des chants de la Messe ; plus encore, on abandonnait sa proclamation solennelle, pour y substituer une simple lecture, le plus souvent par un laïc en costume civil. Curieuse façon d’honorer les Écritures… Comme l’a très bien montré (pour une fois) M. Peter Kwasnievski, cette manière de proclamer la Parole de Dieu trahit une conception protestante de son rôle dans la liturgie.

La forme extraordinaire mettait bien mieux en valeur son importance, en la faisant solennellement chanter par un diacre (et un sous-diacre pour l’épître), mais cela n’est guère possible qu’en latin. Le nouveau missel, lui, permet le chant des différentes lectures directement en langue vernaculaire (on pourrait même envisager un double chant des lectures, d’abord en latin puis en français), toujours par des ministres en vêtement liturgique(ministres institués ou diacres). On honorerait ainsi les deux fonctions principales de la proclamation de la Parole de Dieu dans la liturgie : le culte divin (symbolisé par le chant des lectures) et l’instruction des fidèles (facilitée par l’emploi de la langue de ceux-ci). On notera d’ailleurs que le Graduale Romanum prévoit des tons pour le chant des différentes lectures, qui peuvent facilement être transposés à la langue française (sans parler de ceux qui ont été composés directement pour celle-ci, en particulier par le Fr. André Gouzes, op).

Le psaume responsorial et le Graduale Simplex

Cette mention pourra faire sursauter les plus traditionalistes de nos lecteurs, qui pourront se demander où se trouve l’intérêt de faire chanter ce psaume, dès lors que l’on dispose d’admirables graduels.Que l’on se rassure, l’auteur de ces lignes aime les graduels autant que ses lecteurs. Il tient seulement à leur faire remarquer qu’ils’agit probablement des pièces les plus ornées de la liturgie romaine, et conséquemment hors de portée de bien des scholae cantorum. Doit-on alors se résigner à cette éructation boiteuse, qualifiée on ne sait trop comment de psalmodie, qui s’est substituée au graduel ? Non point. Le Graduale Simplex prévoit les partitions d’antiennes d’ouverture, d’offertoire et de communion simplifiées… ainsi que celles des différents psaumes responsoriaux. Composés dans un style très sobre (qui ne nuit pas à leur beauté), ils peuvent ainsi être chantés par n’importe quelle chorale, l’assemblée pouvant reprendre le chant de l’antienne. Ils’agit d’une manière très simple de réintroduire le grégorien dans la liturgie paroissiale, tout en honorant la participation de l’assemblée. Enfin, la simplicité des mélodies de ces psaumes et des chants du Graduale Simplex en général permet éventuellement de les adapter à la langue française.

La prière des fidèles (ou prière universelle)

La constitution sur la sainte liturgie a explicitement demandé le rétablissement de l’antique litanie d’intercessions qui clôturait jadis ce que l’on appelle aujourd’hui la « liturgie de la Parole » et qui reste encore aujourd’hui inconnue du missel de 1962.

Malheureusement, elle est réduite à peu de choses. On passera charitablement sur la manière puérile dont ce rite est mis en œuvre dans la plupart des paroisses ; mais même dans les meilleurs endroits, on n’a guère droit qu’à une succession de prières composées ad hoc,dites (non chantées) par un diacre (dans le meilleur des cas) à laquelle l’assemblée répond par de fades refrains ; récemment,l’habitude s’est prise en certains endroits d’adresser ce refrain à la Sainte Vierge (« O Marie, prend nos prières… »), ce qui est une absurdité liturgique, dans la mesure où cette prière s’adresse à Dieu. C’est pourquoi cette prière est souvent le parent pauvre de la plupart des célébrations RDLR (Réforme De La Réforme), quand elle n’en est pas tout simplement éjectée.

Pour rendre à cette prière la beauté qu’elle réclame, il convient :

  • de la composer d’après les modèles traditionnels, ou d’adopter carrément ces derniers (à moins que l’on ne préfère les sobres formules du missel romain) ;
  • de faire chanter les intercessions par un diacre, puisque c’est là sa fonction ;
  • d’utiliser toujours des répons traditionnel (Kyrie, eleison ou Te rogamus, audi nos par exemple) à la place des « Entend nos prières, entend nos voix ».

On rappellera par ailleurs que les tons pour chanter les intercessions et les répons se trouvent au Graduale Simplex dont nous parlions plus haut, ainsi qu’au Graduale Romanum. Pour plus de précisions, on se référera avec profit à cet excellent article. Et à ce non moins excellent article.

Enfin,on se souviendra aussi que les conseils donnés ici s’appliquent aussi bien aux intercessions de la Messe qu’à celles de l’Office divin, à Laudes et Vêpres.

La procession d’offertoire

Ce rite très ancien (dont l’origine antique est attestée par le fameux témoignage de saint Justin Martyr) s’est progressivement complexifié… pour finalement disparaître. Des usages locaux en ont cependant gardé une trace (l’on pense notamment au rit dominicain, où le Calice est solennellement porté à l’autel par le sous-diacre, durant le chant du Gloria in excelsis Deo). À noter que contrairement à différents rites (gallican, byzantin,etc), le rit romain prépare les saints dons (Preparatio donorum) après la liturgie de la Parole (Liturgia Verbi), tandis que les rites susmentionnés procèdent à ce que nous appellerions l’offertoire avant la Messe proprement dite.

Si la restauration de ce rite n’est pas explicitement demandé par la constitution conciliaire sur la sainte liturgie, le pape Paul VI a néanmoins jugé bon de le rétablir. Il est regrettable qu’il soit si souvent absent (quoiqu’on peut trop facilement en imaginer les abus possibles…), car il est tout à fait intéressant : par cet usage, les fidèles symbolisent l’offrande qu’ils font de leurs propres biens et finalement d’eux-mêmes ; d’où la mention de « l’oeuvre de la main de l’homme » (óperis mánuum hóminum) dans les nouvelles prières d’offertoire, qui prennent ainsi leur sens grâce à cette procession.

Le mettre en œuvre n’est pas très difficile. On se référera avec profit aux informations données par l’excellent Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage des paroisses, qui donne de précieux conseils pour l’exécution de ce rite (et de bien d’autres encore).On se contentera de rappeler quelques détails :

  • La procession doit partir du fond de l’église, pour aboutir au chœur (sans entrer dedans).
  • Elle doit être exécutée de préférence par des servants en tenue de service (soutane avec surplis ou aube avec amict et cordon) ou mieux, par des clercs, des chanoines par exemple (à Lyon, aux féries de Carême, deux chanoines apportaient les oblats au célébrant), qui s’abstiendront de tout effet théâtral : dès l’instant où les dons sont apportés, ils ne sont plus une nourriture ordinaire.
  • Ils ne doivent pas porter les vases sacrés (dont la manipulation doit être réservée autant que faire se peut aux ministres ordonnés), mais seulement les dons qui seront offerts (le pain et le vin), transportés dans des récipients adaptés (des ciboires par exemple).
  • À l’arrivée devant le chœur, il convient que le diacre (ou d’autres servants) reçoive les dons, avant de les aller présenter au prêtre pour qu’il les offre.
  • Éventuellement, rien n’empêche que l’on apporte par la même occasion du pain levé, qui pourra être béni à l’issue de la Messe (une charmante tradition médiévale, dont l’usage s’est maintenu en Russie) ; cela suppose évidemment que tout risque de confusion entre ces aliments et les « précieux dons offerts en sacrifice » (comme le dit la liturgie byzantine) soit écarté, sinon, il est préférable de ne pas introduire cet usage.

Le baiser de paix (osculum pacis)

La forme extraordinaire en réservait l’usage au seul clergé. La réforme liturgique voulut l’étendre à toute l’assemblée, ce qui était louable. Dans la pratique, c’est l’occasion d’une effusion sentimentale, longue et mondaine, qui ne convient nullement à cet instant sacré où l’Agnus Dei est rompu pour être donné en nourriture aux fidèles.

Le mieux serait de faire dériver la paix du Seigneur depuis le clergé jusqu’à l’assemblée, par l’accolade. Mais cette disposition est rarement réalisable. Deux solutions pourraient alors être envisagées :

  • D’une part, on pourrait user d’un instrument de paix, que le diacre présentait à baiser au prêtre, puis à toute l’assemblée (comme le faisaient certains rites médiévaux).
  • D’autre part, on pourrait substituer à la poignée de main l’accolade traditionnelle, à transmettre exclusivement à ses voisins pour ne pas donner à ce rite une importance démesurée.

Rappelons pour terminer, que quelque soit la manière dont la paix se transmet au peuple, l’ancienne manière de transmettre la paix dans le chœur,pour le clergé, garde tout son sens et reste normative, puisqu’elle n’a pas été abrogée.

La communion sous les deux espèces

La réforme liturgique a rétabli la possibilité de la communion sous les deux espèces, absente de l’ancien missel romain. Il faut s’en réjouir car même si la totalité des fruits de la Sainte Eucharistie peut être reçue par la communion sous une seule espèce,« elle réalise mieux sa forme de signe » (comme le dit le Catéchisme de l’Eglise catholique) sous les deux espèces. Encore faut-il bien mettre en œuvre cette réforme.

Le plus simple serait de distribuer une telle communion par intinction :le prêtre prend une hostie dans le ciboire (tenu par un diacre ou, à défaut, un acolyte), la trempe dans le Précieux Sang contenu dans le calice et la présente au communiant, en disant Corpus et Sanguis Christi (le Corps et le Sang du Christ), à quoi le communiant répond Amen.Le prêtre dépose alors l’hostie sur sa langue. Idéalement, le même acolyte (ou un autre) tient durant ce temps un plateau de communion sous le menton du communiant.

Cette pratique présente aussi un avantage : elle permet de restreindre la communion dans les mains qui, si antique qu’elle puisse apparaître, pose plus de problèmes qu’elles n’en résout.

La concélébration

On pourra trouver étonnante cette mention ; la concélébration n’est-elle pas très souvent mise en avant dans nos églises (certains disent même : trop souvent) ? C’est exact ;mais dans quel état ! Combien de Messes furent remplies de concélébrants hâtivement revêtus d’aubes douteuses et d’étoles ballantes, sans aucune autre tenue (dans les deux sens de ce terme) ?

C’est l’occasion de revenir sur le sens de la concélébration :l’unité du sacerdoce, dans le Summus Sacerdos qu’est le Christ. C’est pourquoi, dans la tradition occidentale du moins, la concélébration ne se conçoit guère qu’autour de l’évêque, comme l’a très bien montré l’abbé de Servigny dans son petit ouvrage intitulé Orate Fratres. Le dernier concile œcuménique a voulu remettre à l’honneur cette manière de célébrer la Messe ; et si trop souvent, elle ne sert qu’à expédier rapidement la célébration quotidienne des saints Mystères, il est possible d’intégrer la concélébration de manière harmonieuse et traditionnelle.

Cela suppose certaines contraintes. D’abord, réserver la concélébration pour les occasions exceptionnelles (il ne faut pas abuser des bonnes choses…) ; ensuite, il convient d’exiger des concélébrants le port de tous les vêtements liturgiques requis, sans exception. Il convient encore de ne pas en admettre trop, afin d’assurer à tous une proximité immédiate à l’autel (ce qui revient à n’avoir pas plus d’une douzaine de concélébrants). Il convient de réserver la concélébration aux occasions les plus importantes, et autour de l’évêque dans la mesure du possible. Enfin, il convient que tous sachent chanter (en latin ou en langue vernaculaire) les parties du Canon qui leur incombent.

***

Voilà pour ce bref exposé. On pourrait dire encore bien des choses ; on pourrait par exemple souhaiter que les suggestions de cet article soient ratifiées par l’autorité supérieure ; en attendant, la balle est dans notre camp. À nous de travailler à mettre en place ces « options » liturgiques, afin de montrer à tous que la réforme de la réforme, si elle doit avoir lieu, ne se fera pas sans reconnaître les mérites de certains des rites restaurés (ou institués) par la réforme liturgique qui a suivi le concile Vatican II.

Messe célébrée en la chapelle Sixtine, par le Pape François.

4 réflexions sur “Richesses propres de la forme ordinaire

  1. Clément

    Article très intéressant.
    Seul petite précision concernant la prière universelle et l’utilisation du refrain mariale : certes, cette prière s’adresse à Dieu, mais il me semble que placer ici la Vierge rappelle que la Sainte Vierge et la Médiatrice de toutes les grâces, et donc de nos prières aussi, certes on peut s’en passer mais pourquoi refuser de passer par « l’autoroute » du Ciel : Elle qui nous a donné son divin Fils le Christ qui lui même nous mène au Père dans l’Esprit. N’est il pas beau de donner nos pauvres prières à son intercession pour qu’elle puisse les présenter à Dieu qui ne lui refuse rien, car on ne peut rien refuser à sa mère. Dans son Immaculée conception, n’est elle pas la mieux à mène de s’adresser correctement à Dieu ?

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    1. Isidore de Kiev

      Cher Clément,

      Pardonnez je vous prie le retard de ma réponse.

      Vous avez tout à fait raison, s’adresser à la Mère de Dieu pour qu’elle intercède pour nous auprès de Lui est en soi tout à fait intéressant, et tout à fait pertinent. Toutefois, la dévotion privée (mariale ou autre) est une chose ; la liturgie en est une autre. Traditionnellement, la prière universelle (ou plus exactement « prière des fidèles ») consiste en une litanie d’intercession, adressée à Dieu. Je vous invite à jeter un coup d’œil aux liturgies orientales pour vous en assurer.

      Toutefois, ces mêmes liturgies comportent souvent une recommandation à la Sainte Vierge : « Faisant mémoire de la Vierge Marie et de tous les saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres, et toute notre vie au Christ, notre Dieu ». Mais on ne s’adresse pas à la Vierge : on compte sur son intercession, ce qui est tout différent.
      Une autre manière de faire pourrait consister à insérer un Ave Maria au sein de la prière des fidèles (comme le font notamment les catholiques latins anglais).

      Je vous souhaite un excellent et saint Carême.

      Isidore de Kiev.
      Par la grâce de Dieu, Métropolite de Kiev et de toutes les Rus’.

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  2. Au sujet de la prière universelle, je vous remercie du lien que vous faites vers notre site web, ici :
    http://www.scholasaintmaur.net/la-priere-universelle-oratio-fidelium/

    Je me permets de vous mentionner un autre article sur le même web, qui va un peu plus loin dans la réflexion et qui vise à contredire le chapitre afférent dans un ouvrage du CNPL « le bon usage de la liturgie » et qui semble encourager toutes les erreurs et fautes de goût que nous subissons habituellement dans la plupart des paroisses. C’est un article plus long que celui que vous citez, mais il a l’avantage de pointer « là où ça fait mal » :
    http://www.scholasaintmaur.net/du-bon-usage-la-priere-universelle/

    Car la prière universelle est probablement le rite le plus mal célébré dans la forme ordinaire du rite, alors même qu’il est extrêmement traditionnel comme en témoigne la liturgie du Vendredi Saint. Notons par exemple que ce jour là en l’absence de sacrement eucharistique qui nécessite l’intervention d’un prêtre (sacerdos), exerçant – donc – le sacerdoce ministériel, on lui substitue cette grande litanie solennelle (avec les monitions « flectamus genua – levate »).
    Cf. http://www.societaslaudis.org/forma-ordinaria/messe-20200410/
    Car la prière universelle du Vendredi saint est en effet l’expression majeure du sacerdoce commun des baptisés, au jour où justement le sacerdoce ministériel ne s’exerce pas à « la messe des présanctifiés » (autre nom de la fonction liturgique du vendredi saint qui se substitue à la messe proprement dite ce jour là).

    Inutile de vous rappeler que dans cette perspective pour la plupart des paroisses où l’on tente l’expérience de l’oratio fidelium à la messe ordinaire du dimanche, notamment, on est vraiment loin du compte.

    Pour le reste de l’article, un grand merci ; peut être pourrait-on préciser qu’il ne s’agit en fait pas de « richesses propres à la forme ordinaire » mais dans une perspective de dépassement de la « guerre des missels », tout simplement de « richesses propres au rite romain ». Ces richesses qu’a avantageusement mis en avant la réforme liturgique qui a fait suite au Concile Vatican II ; richesses qui avaient disparu probablement à la suite des réformes liturgiques du Concile de Trente : l’oratio fidelium n’est pas la seule chose qu’a fait disparaître le XVIème siècle dans notre liturgie, loin de là ; d’ailleurs en tant que maître de choeur, lorsque je parle de la « réforme liturgique » tout court, c’est la plupart du temps pour désigner ce qui s’est passé à la suite du Concile…. De Trente ! On a mis à cet époque le doigt dans quelque chose dont nous ne nous sommes toujours pas relevés.

    Bien en communion en cette époque toute particulière de confinement et de crise mondiale ; bon Carême, dans des conditions inédites !

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    1. Isidore de Kiev

      Bonjour Monsieur,

      Un grand merci de votre commentaire (et d’autant plus que j’ai une grande admiration pour votre site).

      Votre article sur le « bon usage » est extrêmement bien fait (beaucoup mieux que les consignes du CNPL). Il faut hélas reconnaître que le missel romain est assez peu précis sur les consignes à adopter pour la prière des fidèles.
      Si j’avais eu du temps, j’aurais ajouté qu’il faudrait, dans l’idéal, avoir plusieurs formes d’Oratio fidelium, selon les temps liturgiques (par exemple une forme plus litanique pendant l’année et une forme proche des anciennes prières du prône en Carême).

      Sinon, vous avez raison, tout cela appartient au patrimoine du rite romain (sauf peut-être la procession de l’offertoire qui est plutôt d’origine gallicane si mes renseignements sont exacts). Pour l’instant, le fait est que si la forme extraordinaire pourrait en bénéficier, ce n’est pas (encore) le cas. En d’autres termes, ces rites appartiennent « de facto » à la FO, mais appartiennent « de jure » au rite romain.

      Bonne montée vers la Résurrection de Notre-Seigneur !

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